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Lorsqu’il a pris sa retraite de la Marine Nationale, Didier Bernard n‘avait qu’une envie c’est de retourner dans sa Charente natale et reprendre la ferme de ses grands parents.

Il est donc maintenant installé entre Poitiers et Angoulême dans les méandres du fleuve, et se consacre à l’élevage et à la reproduction de juments mulassières et de baudets du Poitou, race quasi éteinte dans les années 1970.

J’ai rencontré Didier en 2008 et tout de suite j’ai été pris par son métier et sa détermination à vivre au plus juste de ses idéaux.

J’ai réalisé une première série de reportages au réflex numérique en couleurs sur plusieurs mois et après coup je me suis rendu compte que les jolis couchers de soleil, l’herbe verte et les ciels colorés ne correspondaient pas à ce que je voyais de l’âpreté de la vie de Didier Bernard ni à ce que je voulais raconter.

Admirateur depuis toujours de Raymond Depardon, j’avais quelque part en tête ses images sur la paysannerie et j’ai voulu me couler dans cette veine de documentariste du quotidien. Tourner le dos momentanément à mon travail de commandes, prendre le temps d’une respiration tant photographique qu’humaine.

J’ai aussi voulu revenir à mes premières amours photographiques et retrouver la complexité d’une mise au point manuelle et d’un appareil photo pour le moins difficile d’utilisation, un Leica M et deux objectifs.

Le N&B numérique s’est imposé à moi et j’ai recommencé toutes mes images, sans intervenir, en restant économe de mes clichés.

Je pars donc plusieurs fois par an retrouver Didier, je l’observe faire et refaire les mêmes gestes avec lenteur et application. J’ai réussi à apprivoiser l’agriculteur parfois taciturne, en retour il sourit du citadin qui s’émerveille bruyamment d’un rien.

Écolo dans l’âme et dans les faits, il tente de se rapprocher au maximum de l’autosuffisance alimentaire, pour cela il consomme forcément ultra local, favorisant ses relations et ses amis producteurs.

En élevant poules, canards, vaches et chèvres pour la viande et le lait et en exploitant uniquement des races locales, avec toutefois une exception : un magnifique cochon noir de Bigorre, élément central (et jovial) de l’élimination des déchets alimentaires.

En luttant pour son style de vie, Didier Bernard tente de préserver les races locales ; moi, modestement je fixe sur ma non-pellicule la vision d’un monde entre tradition fragile et avenir incertain.

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